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 Newsletter 2020 -Nr. 1

 

Braunfels, 10 août 2020

 

 

 

BULLETIN d´INFORMATION 2020

Nr. 1

Aux adeptes de la culture

 

 

Cela existe-t-il encore ? Je ne parle pas des adeptes de la culture, mais de la culture en soi. Existe-t-elle encore en cette année 2020 si particulière qui a vu de façon stupéfiante s´arrêter la vie à l´ échelle mondiale? Allons- nous jamais retrouver un mode de vie comme avant 2020 ? Quand et comment ? Désormais il y aura un avant et un après 2020 dans la mémoire collective. Ce qui vient de se produire laisse un arrière-goût de paradis perdu. Il était de mise de se perdre en lamentations et jérémiades. On gémissait, on soupirait, éternellement mécontents de ce monde, on se plaignait à qui mieux- mieux et maintenant que nous l´avons perdue, plus d´un dans cet univers et cet avenir devenus plus qu´incertains devrait se surprendre à l´invoquer avec nostalgie, cette vie sans peur et sans reproche, sans masque et sans contrainte d´avant le corona virus.

Curieusement et comme par hasard, je viens juste de relire mes notes prises l´été dernier alors que je travaillais sur mon nouveau sujet Hervé Bazin. Et je tombe sur ce passage commentant le dernier roman de l´auteur «Le 9ième jour » que Bazin a écrit juste 2 ans avant sa mort. Une réflexion sur l´avenir de l´homme et un cri d´alarme quant à l´évolution de la société, plus du tout au point de vue familial, comme l´auteur en avait l´habitude de le faire, mais cette fois au point de vue écologique. L´an dernier encore cette analyse ne m´avait pas frappée outre mesure. A la relire, on en a froid dans le dos.

«L´homme, écrit Bazin, s´est substitué à Dieu pour la création. Il fait ce qu´il peut, mais il ne sait pas forcément ce qu´il fait » Et de décrire l ´être humain plus soucieux de la découverte de nouvelles technologiques que du respect de l´environnement et de la vie, livré à l´avenir au pire des fléaux parce qu´invisible, et extrêmement meurtrier: le virus.

C´était en 1994 !

Et quid de demain ? Y aura -t- il un retour à la normalité à l´automne ? Et ensuite?

Puisque personne ne peut fournir une réponse là-dessus, j´ai opté avec un optimisme inébranlable pour une solution qui m´arrange et j´ai fait comme si tout allait rentrer dans l´ordre, dans l´espoir et la conviction que la culture, cette nourriture spirituelle qu´on nous retire de la bouche à chaque crise politique, financière ou humanitaire, finirait par s´imposer au même degré que la nécessité des nourritures toutes terrestres.

Et je me suis donc consacrée pendant les mois de confinement à traiter un nouveau thème pour mon répertoire, à savoir la biographie de BARBARA (1930-1997) auteure, chanteuse, compositrice majeure de la chanson française à l´âge d´or de cette dernière.

Barbara entretenait une relation si fervente avec son public que de son vivant elle avait atteint le statut de culte. L´écriture, entièrement biographique, et le chant ont été les deux piliers de sa vie, surtout le chant qui a été sa véritable drogue.

Il a agi sur elle aussi comme une thérapie et a été pour cette femme mystérieuse, imprenable et secrète un véritable outil de communication avec ses semblables.

Décortiquer tout ce qui a été écrit sur elle, réécouter ses merveilleuses chansons, relire ses mémoires interrompus, tout cela m´a procuré de profondes émotions et a agrémenté et meublé ces longues semaines de confinement déroutant. A la fin de cette circulaire on trouvera un texte de présentation sur Barbara.

Meilleures salutations du fin-fond de mon exil involontaire dans mon Braunfels d´adoption.

Suzanne Bohn

Le 10 août 2020

 

 P.S. Pour des informations plus amples je vous renvoie à mon site www.suzannebohn.de que mon webmaster ne devrait pas tarder à mettre à jour…

 

 

 

Quelques mots sur la mort de

Gisèle Halimi (1927-2020)

 

 Gisèle Halimi est morte. Elle est décédée le 28 juillet 2020, le lendemain de son 93ième anniversaire, trois ans après son amie Simone Veil (1927- 2017) morte quelques jours avant ses 90 ans. Les deux femmes ont mené un combat souvent parallèle qui a abouti entre autre à la légalisation de l´avortement en 1975, une date- clé dans l´Histoire des femmes. Gisèle Halimi, courageuse avocate « irrespectueuse », activiste féministe et humaniste convaincue autant que convaincante, qui disait que l´injustice lui était physiquement intolérable, fait partie avec Marie Cardinal et Benoîte Groult de mes sujets préférés au sein de mon répertoire, un fantastique triumvirat de femmes absolument remarquables.

Hélas, Gisèle Halimi n´est pour ainsi dire pas connue ici, en Allemagne, alors que les Allemands connaissent Simone Veil. Je me suis trouvée après la mort de celle-ci submergée de demandes pour une conférence sur elle, alors que je ne l´ai jamais traitée, faute d´avoir des documents qui me permettraient de le faire en profondeur. Mais l´efficacité de Gisèle Halimi et son implication passionnelle dans les grands débats du 20ième siècle n´en sont pas moindres pour autant (légalisation de l´avortement, abolition de la peine de mort, combat pour la féminisation des noms de métier exercés par des femmes, dénonciation et abolition de la torture dans les système carcéral, pénalisation du viol comme crime majeur etc….) Le portrait que j´ai fait d´elle et la lecture d´extraits de ses nombreux livres m´ont permis de rendre hommage en Allemagne à cette femme exceptionnelle et c´est pour moi un vrai plaisir de voir que son histoire interpelle les gens au plus haut degré. Modeste contribution à une femme qui appartient désormais à jamais à l´Histoire de France. Reste à espérer que j´aurais encore souvent le plaisir de la présenter.

 

 

 

BARBARA (1930-1997)

Pour le 90ième anniversaire de la longue dame brune de la chanson française

 

 

Elle prétendait n´avoir aucun souvenir de son passé importun. L´écrivaine Marie Chaix qui fut sa secrétaire privée de 1965 à 1970 et a écrit un livre sur Barbara nous dit : « On a envie de lui dire, tu exagères, tu ne nous parles que de cela».

Ou disons plutôt « tu ne nous chantes que cela », car de tous les auteurs- compositeurs et interprètes qui dans les années 60 ont adoubé la chanson française au rang de la poésie et de la littérature, elle n´est pas seulement presque la seule femme, mais encore la seule à avoir façonné un répertoire entier à partir de la matière première de sa vie. D´ailleurs elle le reconnaissait : « Mes chansons, elles naissent avec la vie […] c’est uniquement des choses que j’ai vécues, qu’on a tous vécues. »

Barbara n´est pas une intellectuelle comme Léo Ferré, ses textes ne sont pas comme chez Brassens ciselés comme des pierres précieuses, ils n´ont pas la force éruptive des chansons hautes en couleur de Brel. Barbara n´est pas une littéraire comme sa seule « rivale » de l´époque, Anne Sylvestre.

Barbara s´exprime dans une langue simple et authentique sans recherche d´artifices, ni esthétiques, ni linguistiques. Seule prime chez elle l´émotion que le mot transmet, fluide, pur, vrai. Son écriture est féminine, ses sujets sont très personnels et sa voix avec ce timbre unique compte selon certains parmi les plus belles de la chanson française. Elle perce tard en 1964, à 34 ans. Et tout de suite elle rassemble autour d´elle une foule de fidèles qui vont lui vouer un véritable culte et affluer tous les soirs par milliers vers les théâtres où elle se produit sans réclame, sans publicité aucune, car la mystérieuse, la charismatique et énigmatique dame brune se soustrait vite au star- système. «Ceux qui doivent savoir sauront, ceux qui doivent venir viendront »

Barbara a son public attitré qui, avec le temps est de plus en plus jeune et pour qui elle fait figure de guide spirituel. L´amour est réciproque et Barbara va lui faire une magnifique déclaration en chanson à ce public d´adorateurs: « Ma plus belle histoire d´amour, c´est vous». Pour « cet amant à mille bras» autrement exaltant, elle renoncera même sans vergogne à l´amour tout court. Mais surtout cet amour-là, en lui donnant la mesure de son pouvoir et de sa responsabilité, l´éloignera et la détournera de ses propres souffrances et la fera se tourner vers celles des autres: Barbara va consacrer une partie de son temps, de son argent et de son énergie dans différents combats, notamment contre le sida. Chanter fut donc pour cette écorchée vive non seulement un outil thérapeutique, mais encore un instrument permettant d´établir la communication et la communion avec son prochain. Barbara la généreuse a chanté l´amour et a tissé de véritables liens d´amour avec son public.

Encore aujourd´hui, plus de 20 ans après sa mort, elle reste une référence: une classique de la chanson à texte française qui a connu ses heures de gloire au milieu du siècle dernier.

 

 

 

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